Ce matin, en ouvrant mes volets, un lézard m’attendait sur le rebord de la fenêtre. Il avait des petites lunettes posées au bout du nez, le regard du sage qui connait les mystères du monde. J’ai pensé « T’es pas bien réveillé, mon vieux, va donc te recoucher ». Encore ensommeillé, je me suis frotté les yeux, secoué, étiré ; le café avalé, à mon rebord de fenêtre je suis retourné. Le lézard n’était plus là.

J’optais pour la solution la moins simple : faire comme si rien ne s’était passé. Mais en prenant la direction de mon canapé, de nouveau, ce satané lézard me fit sursauter. Cette fois, il était par terre, devant moi, au milieu de ma cuisine. Et ces petites lunettes rondes, et ce regard serein, comme si il était chez lui, comme si toute la Terre, c’était chez lui. Et que c’était moi l’intrus. C’en était trop. La nature, c’est sympa, mais pas à l’intérieur. Et son petit air de ministre de la culture, tout ça, je me méfie. Et puis j’étais pas rassuré, j’avais l’impression désagréable que quelque chose était en train de changer, comme si j’allais me fissurer… Alors j’ai tapé dans les mains, pour le faire fuir. Mais au lieu d’avoir peur, il s’est tourné, sans se presser, et j’ai vu le petit bout de papier enroulé, ficelé, qu’il tenait coincé dans ses pattes arrières. Il l’a déposé, il a fait quelques pas et s’est retourné pour m’observer. J’ai pensé « T’as dû manger un truc avarié, mon vieux, parce que là, le coup du lézard qui t’apporte un message secret, même chez Walt Disney ils n’y avaient jamais pensé !». Mais je me suis quand même baissé, j’ai déroulé le petit bout de papier, et tout a vacillé.

Nous étions tous là, les enfants, les plus vieux, les plus grands, les grincheux, les peureux, les ténébreux, les amoureux, les robes bariolées et les chaussures cirées, les chapeaux envolés et les cannes levées. Il y avait les rires, la chaleur, les clameurs, les « Oh » et les « Ah », les « Bravo », les « Hourra ». Au même moment, ici, nous écoutions de la musique en tapant du pied, en chantant à tue-tête, et là nous regardions les acrobates en retenant notre souffle, c’était une belle fête ! Le soir venu, nous nous sommes retrouvés, nous avons bien mangé et de nouveau dansé. J’ai pensé « Que t’y croies ou pas, mon vieux, là tu dois bien admettre : tu rentres le dernier ! ».

Alors si toi aussi tu as envie de rêver, de frissonner, ou simplement de prendre la vie du bon côté, viens le dimanche 26 mai pour la mise en bouche et le samedi 8 juin pour le grand jour.

Robin Grenet, membre des Léz’arts

Plus d’infos sur la mise en bouche et le festival

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